02 – Arioviste, l’invasion des tribus germaniques

Peu avant notre ère, notre région allait connaître une nouvelle présence sur ses terres : celle des Romains et des légions de César. Mais avant l’arrivée des Romains, notre région était occupée par des tribus celtes : nos ancêtres les Gaulois.

Le Sundgau était habité par des tribus celtes : les Séquanes (Haute-Alsace) et les Rauraques (partie Sud du Sundgau et le Jura Alsacien).

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Vers -60, un grave péril menaçait toute la Gaule du Nord. Arioviste, chef d’une coalition germanique (les Suèves), avait déjà traversé le Rhin et s’était installé dans la région. Les Séquanes, peuple celtique peuplant le sud de l’Alsace et la Franche-Comté, décidèrent d’utiliser ces guerriers suèves pour contrer leur adversaire principal : le puissant peuple des Éduens (une autre tribu gauloise), ce peuple étant ami et allié avec les Romains.
Et nous avons là les ingrédients d’un fameux conflit à venir…

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En résumé :
-65 : Les Séquanes, alliés avec les Arvernes, combattent les Éduens –> Les deux tribus alliées perdent, les Éduens gagnent.

Vexés, les Séquanes et les Arvernes s’allient aux Suèves (normal, ceux-ci sont déjà implantés dans la région et sont de très farouches guerriers) et tous ensemble marchent sur les Éduens. La tactique s’avère payante : les Éduens enchaînent les défaites, perdent une grande partie de leur cavalerie et sont même contraints de laisser des otages chez les Séquanes.
Cette victoire donne aux Séquanes des terres éduennes (une partie de la Loire). Mais les Suèves, pour leur aide à cette victoire, sont aussi très exigeants : ils demandent le Sud de l’Alsace et un tiers du pays séquane… La demande est acceptée, les Séquanes n’ayant pas d’autre choix ! Arioviste n’en reste pas là, il « invite » également une autre tribu germanique à venir coloniser ce territoire nouvellement conquis. Et 24 000 Harudes débarquent ainsi en Gaule… Et ce n’est qu’un début !

On peut comprendre que les Séquanes ne sont pas contents du tout. Que font-ils ? Ils proposent à l’ancien ennemi, les Éduens, de lutter avec eux contre Arioviste et les tribus germaniques. Les Éduens acceptent l’alliance, les Arvernes préfèrent rester neutres.
Une bataille sanglante s’engage, avec, de chaque côté, plus de 20 000 hommes. Cette bataille est une vraie boucherie et les Suèves gagnent !
Arioviste demande un deuxième tiers du pays séquane et Éduens et Séquanes deviennent ses vassaux. Cela se gâte vraiment…

Rappelez-vous, les Éduens sont amis et alliés des Romains. Leur chef, Diviciacos, part à Rome pour demander l’aide militaire face à Arioviste. La demande est acceptée et Jules César, tout juste élu consul et à qui l’on a confié les provinces de la Gaule cisalpine (vallée du Pô) et transalpine (côte méditerranéenne française et Rhône-Alpes) est envoyé par le Sénat pour régler ce différend.
Voici donc Jules César et Arioviste (qui a été rejoint par d’autres tribus germaniques) qui négocient et finalement Arioviste accepte d’arrêter sa conquête de la Gaule et de retourner de l’autre côté du Rhin. En échange, Jules lui offre le titre « d’amis du peuple romain ». Cela semble un peu trop facile…

Les Éduens et les Séquanes sont donc libérés des Germains (pour le moment), mais une autre menace se profile à l’horizon. Un autre peuple gaulois qui occupe l’actuelle Suisse se sent menacés par les Germains et décide de faire migrer son peuple entier vers la Gironde. Mais pour y arriver, il faut traverser la Gaule et ses nombreuses tribus, dont les puissants Séquanes, Éduens et Arvernes ! Les Helvètes comptent 368 000 hommes et décident de commencer leur migration. Les Séquanes acceptent leur passage. Mais les Éduens l’ayant refusé, les Helvètes brûlent et ravagent tout sur leur passage. Désemparés, les Éduens refont appel à Rome.
Jules César arrive et se met en chasse des Helvètes. Il analyse la situation : il faut que les Helvètes retournent dans leur pays, car si l’Helvétie est vide d’habitants, les Germains n’auront aucun mal à s’en emparer et ce serait un danger pour Rome. Après plusieurs batailles, il réussit à convaincre les survivants de retourner chez eux.

Les Éduens sont sauvés mais pour peu de temps. En effet, ils vont devoir faire face (avec les Séquanes) à nouveau à un ennemi qu’ils connaissent bien : les Germains d’Arioviste !

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Bataille de Cernay (Ochsenfeld)
Arioviste considère que les territoires conquis par ses tribus lui appartiennent et revient pour revendiquer ses droits. Après une rencontre houleuse avec César auquel il avait proposé une partition de suzeraineté en Gaule (le Nord dominé par les Germains, le Sud par Rome), Arioviste se tient prêt à affronter, encore une fois, les troupes romaines. Il n’a peur de rien, les Germains étant plus nombreux que les Romains. Et la bataille s’engage avec une violence inouïe.
Arioviste est battu, assez difficilement, mais battu, par les Romains en -58, probablement près de Cernay, au lieu-dit « Ochsenfeld ». Il s’enfuit (par la nage, dit-on), avec ce qui reste de son armée, de l’autre côté du Rhin. Il mourut peu après.

Cette victoire romaine a, peut-être, été déterminante pour des siècles sur le destin de l’Europe au Nord des Alpes, une défaite aurait rendu impossible la conquête de la Gaule.
Jules César quitta la région pour n’y plus revenir.

Les différentes tribus gauloises de notre région ne semblent pas avoir répondu à l’appel de Vercingétorix en -52. Apparemment, le soulagement de voir écarté la menace des invasions germaniques primait toute autre considération.

 

Sources :
– L’histoire de l’Alsace – De la Préhistoire à nos jours, Philippe Dollinger, Raymond Oberlé, saep, 1985
– Histoire d’Alsace, X. Boyer
Cartes :
http://www.crdp-strasbourg.fr/data/lcr/histoire-en-bref/cartes_histoire-en-bref.php?parent=2

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